• Un matin j’écrirai un poème qui aura pour titre

    réveil glacé

    ou soleil blanc

    ... peu importe !

    Les textes à lire à écouter








     

    Ce sera un matin suspendu

    les yeux sur la peau du ciel

    du silence à effrayer la lune

    le vent ne bougera pas d’un souffle

    les oiseaux reposeront leurs branches

    dans le blanc mélangé de leurs plumes

    un homme au milieu du pré

    marchera pieds nus dans la neige

    vous le suivrez paisiblement

    vos pas dans ses traces

    ténébreuses et chaudes

    vous aurez perdu

    le fil noir de vos idées

    dans ce matin

    de brume étrange

    le temps recouvrira vos oreilles

    et vous entendrez

    comme autrefois

    bien avant votre naissance

    danser les flocons

    et grelotter les pierres.

     

    Un matin j’écrirai un poème

    pour faire chanter la neige

    et réchauffer l’hiver.

     

    Version audio :

     

    Extrait de "Pièce en forme de Habanera" de Maurice Ravel (Romance for saxophone de Brandford Marsalis)
    __________

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  • Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre

    les mains pleines de rage

    ou de pierres

    ou de terre

    ou de sang

    ... peu importe !

     Les textes à lire à écouter

    Chaque jour dans ce pays d’exil

    l’amour sera dépouillé écorché

    dépiauté à l’ombre des chiens

    les fleurs d’amandiers auront perdu

    le parfum des collines

    et nous apercevrons la fièvre

    tout au bout des canons

    le désert habitera une chaleur tremblante

    un homme

    quittant le regard affamé des mouches

    marchera sur des routes vagabondes

    la poussière avalera ses pas

    étranges et mesurés

    un homme

    sortira du miroir tendu de la terre

    crachera sur les murs

    en criant Palestine

    avec pour seule arme

    quelques noyaux d’olive

    un homme...

    un jour...

     

    Un jour j’écrirai un poème

    qui fera tomber les murs.

     

    Version audio :


    Extrait "Les blés en feu" René Aubry, Invité sur terre
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  • Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre

    le silence des grands mots

    ou des grands morts

    ou le silence des murs

    ou le murmure des morts

    ... peu importe !

    Les textes à lire à écouter









    L’amour aura disparu dans les sous bois

    pour faire quelques cabrioles

    et l’hiver sera bref

    le printemps fleurira au champ

    parmi narcisses, violettes et pincée de chrysanthèmes

    l’été fabriquera ses orages

    l’automne chantera ses feuilles folles et dansera nu sur les châtaignes

    au fil de l’eau flottera la casquette de mon père

    sa casquette de travers qui sent la chaux et la poussière

    et la sueur et le soleil

    et aussi l’ouvrage bien fait mais mal payé

    très mal payé

    elle flottera sur la rivière la casquette la casquette

    et les poissons la suivront

    pauvre pêcheur qui a perdu son chapeau penseront-ils

    (car les pêcheurs rêvent sur les berges

    avant de tomber tête nue dans l’eau du ruisseau

    et ils perdent leur chapeau, avant de perdre la tête)

    sa casquette flottera et mon père sera au fond de l’eau

    il ouvrira la bouche et fera des bulles

    ses doigts caresseront la vase qui remontera en minces filets noirs

    et les racines des arbres trouveront enfin quelqu’un pour s’y accrocher

    alors elles entoureront ses bras ses jambes

    puis le torse le ventre

    elles pénètreront les entrailles

    suceront le sang la bile

    et les feuilles tout là haut bruisseront de plaisir

    retrouveront jeunesse nouvelle

    même en hiver sous la neige le froid ou la tempête

    mon père sacré vieille branche pas encore morte.


    Un jour j’écrirai un poème qui ne finira jamais

    jamais


     

    Version audio :

     

    Extrait de Ribambelle de René Aubry, Ne m'oublie pas
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