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Par GéHa le 6 Janvier 2010 à 22:55
Un matin j’écrirai un poème qui aura pour titre
réveil glacé
ou soleil blanc
... peu importe !
Ce sera un matin suspendu
les yeux sur la peau du ciel
du silence à effrayer la lune
le vent ne bougera pas d’un souffle
les oiseaux reposeront leurs branches
dans le blanc mélangé de leurs plumes
un homme au milieu du pré
marchera pieds nus dans la neige
vous le suivrez paisiblement
vos pas dans ses traces
ténébreuses et chaudes
vous aurez perdu
le fil noir de vos idées
dans ce matin
de brume étrange
le temps recouvrira vos oreilles
et vous entendrez
comme autrefois
bien avant votre naissance
danser les flocons
et grelotter les pierres.
Un matin j’écrirai un poème
pour faire chanter la neige
et réchauffer l’hiver.
Version audio :
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Par GéHa le 31 Décembre 2009 à 17:17
Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre
les mains pleines de rage
ou de pierres
ou de terre
ou de sang
... peu importe !
Chaque jour dans ce pays d’exil
l’amour sera dépouillé écorché
dépiauté à l’ombre des chiens
les fleurs d’amandiers auront perdu
le parfum des collines
et nous apercevrons la fièvre
tout au bout des canons
le désert habitera une chaleur tremblante
un homme
quittant le regard affamé des mouches
marchera sur des routes vagabondes
la poussière avalera ses pas
étranges et mesurés
un homme
sortira du miroir tendu de la terre
crachera sur les murs
en criant Palestine
avec pour seule arme
quelques noyaux d’olive
un homme...
un jour...
Un jour j’écrirai un poème
qui fera tomber les murs.
Version audio :
Extrait "Les blés en feu" René Aubry, Invité sur terre
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Par GéHa le 27 Décembre 2009 à 08:42
Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre
le silence des grands mots
ou des grands morts
ou le silence des murs
ou le murmure des morts
... peu importe !
L’amour aura disparu dans les sous bois
pour faire quelques cabrioles
et l’hiver sera bref
le printemps fleurira au champ
parmi narcisses, violettes et pincée de chrysanthèmes
l’été fabriquera ses orages
l’automne chantera ses feuilles folles et dansera nu sur les châtaignes
au fil de l’eau flottera la casquette de mon père
sa casquette de travers qui sent la chaux et la poussière
et la sueur et le soleil
et aussi l’ouvrage bien fait mais mal payé
très mal payé
elle flottera sur la rivière la casquette la casquette
et les poissons la suivront
pauvre pêcheur qui a perdu son chapeau penseront-ils
(car les pêcheurs rêvent sur les berges
avant de tomber tête nue dans l’eau du ruisseau
et ils perdent leur chapeau, avant de perdre la tête)
sa casquette flottera et mon père sera au fond de l’eau
il ouvrira la bouche et fera des bulles
ses doigts caresseront la vase qui remontera en minces filets noirs
et les racines des arbres trouveront enfin quelqu’un pour s’y accrocher
alors elles entoureront ses bras ses jambes
puis le torse le ventre
elles pénètreront les entrailles
suceront le sang la bile
et les feuilles tout là haut bruisseront de plaisir
retrouveront jeunesse nouvelle
même en hiver sous la neige le froid ou la tempête
mon père sacré vieille branche pas encore morte.
Un jour j’écrirai un poème qui ne finira jamais
jamais
Version audio :
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