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Par GéHa le 30 Mars 2011 à 17:12
L'étrange air que tu respires
sous les doigts doux de la pluie
quand tu renifles le vent
dans la chevelure des arbres.
L'étrange air que tu respires
quand la grande dame de l'automne
s'effeuille goutte à goutte
sur les notes rouges d'un piano.
L'étrange air que tu respires
une nuit de décembre
quand la forêt s'endort
avec ses oiseaux de neige.
L'étrange air que tu respires
sous la couette où tu t'enlises
quand tu rencontres la braise
d'un corps qui attend l'incendie.
L'étrange air que tu respires
devant les cages ouvertes
d'un matin qui traverse
la poussière du soleil.
Étrangère
que tu respires
ange étrange
qui te dévoile.
Version audio :
Extrait de "Tableau d'une exposition" de Moussorsky - Piano Julius Katchen (Decca)
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Par GéHa le 19 Février 2011 à 18:49
Tu me dis :
Derrière le mur je suis seul, impossible de passer de l'autre côté pour voir une autre lumière, découvrir un autre monde. Pourquoi ne puis-je traverser ?
Je te dis :
À quoi servent tes larmes ? Ce mur c'est toi qui l'as construit, à coups de mots, à coups d'arrêts et de jugements, chaque jour un peu plus haut, chaque jour un peu plus solide.
Tu me demandes encore :
Aide moi ! Toi qui as réussi à le franchir. Dis moi comment faire. J'ai beau chercher, cogner, sauter, rien ne s'ouvre, rien ne s'écroule... Aide-moi, je t'en prie.
Je te réponds :
Non, je ne peux pas t'aider. Ce mur est dans ta tête. C'est à toi de le faire tomber. Soulève tes paupières, ouvre les bras, regarde vraiment autour de toi.
Et tu continues à parler, à pleurer, à crier :
Mais je ne peux pas. Il n'y a personne, que moi, moi et moi...
Alors je te dis :
Mais regarde je suis là, moi.
Version audio :
Extrait de "Tableau d'une exposition" de Moussorsky - Piano Julius Katchen (Decca)
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Par GéHa le 8 Février 2011 à 07:50
Andrée Chedid, en avril 2010.
Photo : Stéphane Béchaud / Opale / Flammarion
J’ai traversé le Rien
Aux jours de mon enfance
Déchiffrant la mort
En nos corps d’argile
Et de brièveté
J’ai récusé l’orgueil
Disloqué les triomphes
Dévoilé notre escale
Et sa précarité
Cependant j’y ai cru
A nos petites existences
A ses saveurs d’orage
Aux foudres du bonheur
A ses éveils ses percées
Ses troubles ou ses silences
A ses fougues du présent
A ses forces d’espérance
Au contenu des heures
J’y ai cru tellement cru
Aux couleurs éphémères
Aux bienfaits de l’aube
Aux largesses des nuits
Oubliant que plus loin
Vers les courbures du temps
L’explosion fugace
Ne laissera aucune trace
De nos vies consumées
Et qu’un jour notre Planète
A bout de souffle
Se détruirait
Andrée Chédid, Le Rien.in Rythmes, éd. Gallimard, 2003
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