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Par GéHa le 4 Mars 2024 à 18:46
Je voudrais mourir dans un endroit gratuit
sans rupture et sans souffrance
sans fleur ni couronne
sans haine et sans crainte
sans compas ni crayon, ni double décimètre
rien qui permette de compter ou calculer
- peut-on mesurer la violence d’un chagrin
ou la puissance d’une histoire d’amour ?
Je voudrais mourir dans un endroit calme
où, sur des panneaux lumineux, les horaires de départs
se confondraient avec les horaires d’arrivées
où le silence pourrait s’apprécier en chants d’oiseaux
où, dans le murmure léger du vent, j’entendrai Jean-Louis Trintignant
me dire à l’oreille quelques poèmes de Desnos ou de Prévert.
Je voudrais mourir dans un endroit ouvert
avec de l’océan, des vagues et des rochers
de longues plages de sable blanc
j’aimerais bien qu’il y ait aussi un peu de brume
et surtout de l’amour que l’on pourrait deviner
derrière chaque brin d’herbe
avec des regards perdus sur l’horizon
et la lumière clignotante d’un phare
(un éclat blanc toutes les 15 secondes)
et
il serait 19h48 un vendredi soir de septembre.
Merci à Pauline Picot à qui j'ai emprunté les "entrées" de chaque paragraphe
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Par GéHa le 10 Décembre 2023 à 18:14
Un jour j’inventerai un poème qui aura pour titre :
les pierres se souviennent
ou …des pierres dans mon jardin
peu importe !
J’habiterai un pays peuplé de poètes
ensevelis sous les bombes
j’écrirai avec des mots trempés dans le sang
l’histoire de Farid, Ahmed, Yasmina et Jacob
d’Isaac, Myriam et Sarah
et aussi celle de David
dans l’ombre douce d’un arbre mort
immobile, apaisé
les mains au fond des poches
David, luttant contre Goliath
David, attendant le miracle
tout au long du chemin de ses années
il aura le regard piquant comme le yucca
dans un jardin de Palestine
guettant ses premières fleurs
malgré les éclairs bleutés sur les ruines
et l’écho violent des explosions
il gardera l’espoir fragile
de l’oiseau perché sur des barbelés
dont l’œil étincelle au soleil matinal
Oui, un jour j’écrirai un poème
un poème empli de tendresse
pour vous mes frères et mes sœurs
là bas dans vos pays barbouillés de rouge.
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Par GéHa le 9 Décembre 2023 à 20:29
Le poète palestinien Refaat Alareer est mort le 8 décembre dans une frappe israélienne survenue dans la bande de Gaza.
Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre
les mains pleines de rage
ou de pierres
ou de terre
ou de sang
... peu importe !
Chaque jour dans ce pays d’exil
l’amour sera dépouillé écorché
dépiauté à l’ombre des chiens
les fleurs d’amandiers auront perdu
le parfum des collines
et nous apercevrons la fièvre
tout au bout des canons
le désert habitera une chaleur tremblante
un homme
quittant le regard affamé des mouches
marchera sur des routes vagabondes
la poussière avalera ses pas
étranges et mesurés
un homme
sortira du miroir tendu de la terre
crachera sur les murs
en criant Palestine
avec pour seule arme
quelques noyaux d’olive
un homme...
un jour...
Un jour j’écrirai un poème
qui fera tomber les murs.
(Poème déjà mis sur le blog il y a 14 ans !)
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