• La lune et le soleil !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lui / Elle (la lune et le soleil)

     

    Lui ; a-t-il encore du soleil à vivre avec la mort qui le guette sur le seuil de sa maison ? Il sort cependant tous les jours pour arroser les fleurs sur la tombe de son dernier amour, car il a décidé que cet amour serait le dernier.

     

    Elle ; avec sa face de lune toute fripée, se tient derrière la fenêtre, guettant le moindre cri d'enfant sur la balançoire au fond du jardin. Vide, sa vie, desséchée, comme l'herbe de la pelouse après un été beaucoup trop sec.

     

    Lui ; pourquoi ne vient-il pas lui offrir une ou deux roses au lieu de les faire mourir parmi les morts, alors qu'il la connaît depuis l’enfance et qu’il passe quotidiennement devant chez elle, sans croiser une seule fois son regard ?

     

    Elle ; pourquoi ne sort-elle pas pour lui offrir un café, une citronnade ou un verre de rosé ? Non, elle reste immobile, comme un papillon épinglé sur un buvard flétri, elle n’espère même plus le moindre petit rayon de soleil entre deux nuées.

     

    Lui et elle ; ils préfèrent regarder fondre le ciel entre leurs mains décharnées. Leurs sourires sont devenus comme eux : invisibles. Alors qu’ils auraient pu s’aimer (ou faire semblant) et mettre un peu de désordre dans le temps qui leur reste.


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  • Tout au bord

     

     

     

     

     

     

     

    Je me tiens au bord

    tout au bord de la peau du fleuve

    Sur l’autre rive un cri s’éloigne

    en tremblant derrière le talus

    Silence de l’eau

    du temps qui coule

    Sur la branche

    le regard de l’oiseau

    s’envole

    Je me tiens tout au bord

    de ses ailes

    sans un nuage

    libre

    libre de rester là

    dans l’herbe

    d’être l’herbe et la terre

    et le fleuve

    et ce morceau de bois

    qui s’entortille dans les flots

    et la barque noire

    sur la berge

    et le train qui apparaît

    derrière les arbres

    et les ruines d’un moulin

    tout en haut du coteau

    et le bruit des voitures

    et les vignes ensoleillées

    et…

     

    Je me tiens debout

    tout au bord

    d’un chemin inhabité

    riant à corps perdu

    avec éclat

     

    Je suis du côté du soleil

    et de tout ce qui se lève le matin.


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    Je voudrais simplement, j’insiste, simplement, vous dire que j’ai creusé la terre de mon jardin pour y enfouir mes secrets. Quand le trou a été assez profond j’y ai jeté des mots, comme des roses sur un cercueil, des mots que j’avais oubliés depuis longtemps, trop occupé que j’étais à poser des clôtures tout autour de ma vie pour me protéger de je ne sais quoi.  Je me suis penché pour regarder ces lettres mélangées qui dansaient une drôle de sarabande. Mais mon jardin en avait vu bien d’autres.

    À mains nues, j’ai bouché cette fosse et nivelé le sol. Puis j’ai planté à tout va, semé à tout vent et je suis rentré dans ma maison, à l’ombre de ma mémoire impatiente, boire un verre de vin blanc que j’ai vidé à grands coups de silence. J’ai attendu que tout pousse et me pousse, que tout lève et me relève… j’ai attendu, simplement.

    Pendant ce temps les nuages s’envolaient, les oiseaux traversaient les feuillages, du bleu se réveillait derrière la brume et l’horizon devenait lumière.

    Aujourd’hui le jardin me sourit, me tend la main et m’offre ses couleurs. Je contemple ce qui me reste à aimer. Je sais que, si un jour je me mets à genoux, ce ne sera jamais pour prier, supplier ou louer un dieu quelconque, ce sera pour éclaircir des carottes, simplement.


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