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Par GéHa le 6 Septembre 2022 à 09:11
Lui / Elle (la lune et le soleil)
Lui ; a-t-il encore du soleil à vivre avec la mort qui le guette sur le seuil de sa maison ? Il sort cependant tous les jours pour arroser les fleurs sur la tombe de son dernier amour, car il a décidé que cet amour serait le dernier.
Elle ; avec sa face de lune toute fripée, se tient derrière la fenêtre, guettant le moindre cri d'enfant sur la balançoire au fond du jardin. Vide, sa vie, desséchée, comme l'herbe de la pelouse après un été beaucoup trop sec.
Lui ; pourquoi ne vient-il pas lui offrir une ou deux roses au lieu de les faire mourir parmi les morts, alors qu'il la connaît depuis l’enfance et qu’il passe quotidiennement devant chez elle, sans croiser une seule fois son regard ?
Elle ; pourquoi ne sort-elle pas pour lui offrir un café, une citronnade ou un verre de rosé ? Non, elle reste immobile, comme un papillon épinglé sur un buvard flétri, elle n’espère même plus le moindre petit rayon de soleil entre deux nuées.
Lui et elle ; ils préfèrent regarder fondre le ciel entre leurs mains décharnées. Leurs sourires sont devenus comme eux : invisibles. Alors qu’ils auraient pu s’aimer (ou faire semblant) et mettre un peu de désordre dans le temps qui leur reste.
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Par GéHa le 20 Juillet 2022 à 12:10
Je me tiens au bord
tout au bord de la peau du fleuve
Sur l’autre rive un cri s’éloigne
en tremblant derrière le talus
Silence de l’eau
du temps qui coule
Sur la branche
le regard de l’oiseau
s’envole
Je me tiens tout au bord
de ses ailes
sans un nuage
libre
libre de rester là
dans l’herbe
d’être l’herbe et la terre
et le fleuve
et ce morceau de bois
qui s’entortille dans les flots
et la barque noire
sur la berge
et le train qui apparaît
derrière les arbres
et les ruines d’un moulin
tout en haut du coteau
et le bruit des voitures
et les vignes ensoleillées
et…
Je me tiens debout
tout au bord
d’un chemin inhabité
riant à corps perdu
avec éclat
Je suis du côté du soleil
et de tout ce qui se lève le matin.
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Par GéHa le 23 Mai 2022 à 08:06
Je voudrais simplement, j’insiste, simplement, vous dire que j’ai creusé la terre de mon jardin pour y enfouir mes secrets. Quand le trou a été assez profond j’y ai jeté des mots, comme des roses sur un cercueil, des mots que j’avais oubliés depuis longtemps, trop occupé que j’étais à poser des clôtures tout autour de ma vie pour me protéger de je ne sais quoi. Je me suis penché pour regarder ces lettres mélangées qui dansaient une drôle de sarabande. Mais mon jardin en avait vu bien d’autres.
À mains nues, j’ai bouché cette fosse et nivelé le sol. Puis j’ai planté à tout va, semé à tout vent et je suis rentré dans ma maison, à l’ombre de ma mémoire impatiente, boire un verre de vin blanc que j’ai vidé à grands coups de silence. J’ai attendu que tout pousse et me pousse, que tout lève et me relève… j’ai attendu, simplement.
Pendant ce temps les nuages s’envolaient, les oiseaux traversaient les feuillages, du bleu se réveillait derrière la brume et l’horizon devenait lumière.
Aujourd’hui le jardin me sourit, me tend la main et m’offre ses couleurs. Je contemple ce qui me reste à aimer. Je sais que, si un jour je me mets à genoux, ce ne sera jamais pour prier, supplier ou louer un dieu quelconque, ce sera pour éclaircir des carottes, simplement.
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