• Enfance

     

     

     

     

     

     

     

    Enfance trempée de rosée

    secouée de larmes blanches

    ne sait plus où mettre les pieds. 

    Blottie sous l’oreiller du temps

    elle se souvient du vol étrange des nuages

    au dessus du marais de la mémoire.

    La vie s’écoule en terre étrangère. 

     

    Enfance muette auprès de l’arbre

    écoute le chant des rochers

    cherche une aventure au fond  de ses poches. 

    Elle se lève, marche les poings serrés

    il lui reste encore un peu de nuit

    pour recouvrir son visage.

    Et réveiller le jour. 

     

    Enfance arc en ciel

    laisse une empreinte parfumée

    à émietter aux quatre vents. 

    Elle avance à travers  les ratures de l’horizon

    sur la poussière rouge des sentiers

    ou les pierres moussues d’un ruisseau.

    Elle invente des jeux inépuisables. 

     

    Enfance bleue aux yeux de mystère

    n’oublie pas ses racines

    entre les bras innocents d’une balançoire. 

    Accrochée aux branches d’une histoire

    elle prend des chemins oubliés par les oiseaux

    se perd dans un ciel d’étoiles.

    Et la lune lui offre son chapeau. 

     

    Enfance abritée des regards

    danse sur les lignes blanches

    de la marelle. 

    Même si la porte reste ouverte

    elle n’aura peur de rien

    dans sa tête la lumière entrera

    un chien à ses côtés.

     


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    Un jour j’écrirai un poème

    qui aura pour titre « Renouveau »

    ou « Résistance », peu importe !

     

    Nous resterons un moment

    à l’ombre de nos solitudes

    regardant la lumière disparaître

    au creux de la nuit.

    La peur sera encore grise

    dans le désordre des maisons

    mais la lune

    fossoyeuse des idées molles

    nous tendra les bras.

    La voix de la forêt

    donnera l’heure juste

    aux oiseaux.

     

    Nous griffonnerons des mots simples

    chiffonnés depuis trop longtemps

    au bout de notre langue

    nous aurons des sourires

    appétissants.

    Nous rassemblerons nos silences

    et nos frayeurs

    nous en ferons un grand feu de joie.

    Nous danserons comme de vieux enfants

    se délivrant de leurs mensonges.

    Nous aurons la force de l’ouragan

    la douceur piquante des embruns.

     

    Puis nous nous embrasserons

    nous câlinerons, chouchouterons, cajolerons

    nous nous mignoterons avec délicatesse

    avant de recouvrir nos peaux

    de gel hydro-alcoolique.

     


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  • Questions

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Avec cette actualité, on n’arrête pas de se poser des questions qui ne sont jamais traitées dans « Le téléphone sonne » de France Inter ?

    - Christophe va-t-il rejoindre la longue liste des chanteurs morts, comme Charles Aznavour, Renaud, Anne Vanderlove, Françoise Hardy, Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Michel Sardou, Claude François, Florent Pagny…etc ?

    - Et bien voilà, c'est fait, Christophe a été emporté dans le courant de ses "maux" bleus.

    - Est-ce que je vais recommencer à fumer si je ne meurs pas du coronavirus ?

    - Oui ! des cigares !

    - Y a-t-il encore des bombardements en Syrie…?

    - Quelques tentatives de cessez le feu, mais le plus souvent, dans les régions en guerre, le covid19 arrive comme une double peine pour les populations.

    - Castaner va-t-il accepter des manifestants avec un masque de protection ?

    - Non ! Mais on descendra quand même dans la rue pour que ce monde change vraiment.

    - Les habitants de Gaza sont-ils encore plus confinés maintenant avec la crise du coronavirus ?

    - La population de Gaza sait comment faire face aux crises existentielles. Personne n’a dévalisé les magasins pour faire des réserves. Les gens ont grandi avec des couvre-feux, et la solidarité et la créativité ont toujours eu une valeur particulière. "Il est maintenant presque plus facile pour nous de faire face à cette situation peu familière que pour vous, Européens", déclare l’avocat Sharhabeel Al Zaeem. "Mais en vérité, c’est plutôt triste d’en être là." article de Alexandra Senfft (UJFP)

    - Si les médicaments pour soigner le paludisme sont efficaces contre le coronavirus, quand seront-ils vraiment efficaces contre le paludisme ?

    - S'ils soignent efficacement le Covid19, tant mieux pour les Africains car ils ne risquent pas la pénurie !

    - Pourquoi je ne crois pas ma banque lorsqu’elle me dit dans son dernier message : « prenez soin de vous » ?

    - Je ne crois pas mieux mon assureur, Enedis, Orange, ...

    - Pourquoi nos politiques et nos économistes parlent-ils du monde d’après maintenant alors qu’ils n’ont qu’une idée en tête : revenir au monde d’avant ?

    - Je sais pourquoi...

     


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  • Abécédaire du confinement (A...I)

    A    Alerte

    Les arbres gazouillent, le ciel est silencieux et nous dormons dans des draps propres, alors pourquoi tout ce branle-bas ? Cet ennemi imperceptible serait-il si puissant que notre bonheur pourrait se perdre sur les chemins que nous avons dressés ?

     

    B     Bloqué

    Toujours devant nous se dressent barbelés et frontières, murailles et barricades. La terre nous serait-elle étrangère ?

     

    C   Courage

    Nous sommes loin des autres, les yeux éraflés, sans personne à regarder mais nous aurons le courage des jours ordinaires dans la solitude de  nos tanières.

     

     Démuni

    Le vent fou, témoin de nos impuissances, souffle sa rage autour de nos maisons. Il n’aura pas notre peau car nous restons calfeutrés dans les grands bras de l’espérance.

     

    E     Engagé

    Le bateau craque, gémit. Au bord du naufrage il résiste à la dérive. Il avance. Bientôt l’invisible sera derrière nous.

     

      Fragile

    Quand les matins se réveillent nous sommes nus, portant sur le dos les enfants de la nuit et au creux de nos mains la délicatesse éphémère d’un bonheur.

     

    G  Gratitude

    Aux gens qui n’ont pas de Rolex, à toutes celles et tous ceux qui ne sont rien, on offre la douceur d'un ciel à l’aube d’un matin bleu.

     

    H  Humble

    Nous attendons sans rien faire, que prenne fin cette vague grise et froide, implorant dans des églises vides un Dieu qui n’existe pas.

     

    I       Invisible

    Là-bas, tout au bout de l’allée, un brouillard opaque pèse sur nos épaules. Rêverons-nous encore longtemps d’un monde où la terre serait docile ?

     

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  • Abécédaire du confinement (J...R)

    J      Jardin

    Nous cueillerons des mots plus brûlants que le soleil avant de les lancer à la gueule de la mort.

     

    K    Kérosène

    Le ciel a perdu ses traînées blanches. Plus de délestage de kérosène. L’atmosphère a retrouvé une belle gueule d’atmosphère. Pourvu que ça dure !

     

    L     Laboratoire

    Même si la pilule est difficile à avaler, tombons nos masques et buvons ce flacon jusqu’à l’ivresse !

     

    M    Moral

    Nous gardons au fond des poches de tout petits cailloux blancs, évocations lointaines d’une enfance sans doute heureuse. « Les mauvais jours finiront » chantait Jean-Baptiste Clément il y a 150 ans !

     

    N     Nature

    La rose n’obéit pas à la peur. Elle aime la complainte apaisée d’un crépuscule, le murmure discret de la source, les rires et les pleurs d’un enfant et le regard amoureux du jardinier.

     

    O     Ordinateur

    Nous sommes, parait-il, dans le « big data » à la merci des algorithmes. On veut nous mettre en équation, nous faire avaler chiffres, comptes et décomptes. Résistons. Continuons à partager au lieu de diviser.

     

    P     Peur

    Nous avons du soufre au cœur et pas de braises sous les cendres. Quand la parole va-t-elle franchir l’armure de nos angoisses ? 

     

    Q     Quarantaine

    Retour au Moyen Âge, mais nous ne sommes pas tous dans le même bateau.

     

    R     Reconnaissant

    Quand le virus s’essoufflera, plus question de tricher ou de faire semblant, le monde politique commencera enfin quelque chose de plus grand avec vous tous les soignants.

    .../...


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  • Abécédaire du confinement (S...Z)

    S     Seul

    Le soir se déshabille. Nos yeux débordent par la fenêtre. Les arbres ont des soupirs ensommeillés.

     

    T     Tendresse

    Un mot d’amour posé sur la table nous rappelle les heures qui dansent sur des voyages inachevés.

     

    U     Univers

    Imaginer un monde peuplé d’humanité avec un cœur qui palpite de toutes ses couleurs, même s’il faut claquer des portes.

     

    V     Vivant

    De temps en temps nous mettrons les pieds dans le plat, ne cacherons plus nos anciennes nudités et, parfois, sachez le bien, nous sortirons les griffes.

     

    W    Week-end

    Les jours sans travail, les jours sans facture, les jours sans église, comme les jours sans textos « prenez soin de vous » …sont une bénédiction.

     

    X    Xinxiang

    Après avoir compté les lunes prisonnières, nous fêterons comme les Chinois, le vrai printemps. Nous allumerons les lanternes et collerons des poèmes sur les portes.

     

    Y     Yoyo

    On ne sait plus s’il faut pleurer sur les jours captifs ou chanter les heures chaudes à venir. Une chose est certaine, nous sommes affamés d’amour.

     

    Z     Zone

    Balisés, limités, protégés, interdits, nos chemins suivent les sens giratoires, nous condamnant à tourner en rond… sans oublier de vivre, car rien d’autre n’est possible.

     

     

    Point final 

    Quand nous aurons résisté à la dérive, ressemblant à ces rochers que l’on croit immobiles, nous jetterons l’encre sur le bleu de nos vie avec des mots entortillés dans nos étreintes. Nous préparerons une grande flambée de paroles libres et, autour d’un grand verre de vin, de bière ou de ce que vous voudrez, nous regarderons les hirondelles faire danser l’horizon.

     


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  • Forcément

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    plus le temps passe

    et plus ça gratte

    les souvenirs

    acné de la vieillesse

    faut pas frotter la peau

    des étincelles

    forcément

    ça remonte

    à la surface

    comme le méthane

    sous la vase

    et ça éclate

    forcément

     


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  • L'arbre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    À toi

    qui aime me regarder et effleurer mon tronc

    entendre le tremblement de mes feuilles

    t’endormir l’été dans mon ombre

    écoute ce que j’ai à te dire :

     

    Je suis la caresse d’un temps invisible

    un souffle murmuré

    Je te traverse

     

    Je suis la lumière d’une aube infinie

    la flamme sans le feu

    Je te réchauffe

     

    Je suis le chant de la source, le chuchotis des fontaines

    la danse des racines dans les entrailles de la terre

    Je te préserve et te nourris

     

    Je suis la colère impénétrable des océans, la douleur abyssale des tempêtes

    et l’esprit du vent accroché à mes branches

    Je t’apaise et te soulage

     

    Je suis la fleur et la pierre, une pensée volatile au creux de tes mains

    les paroles tendres et maladroites des amants

    l’innocence absolue de l’enfance

     

    Je suis ton voyage originel parmi les mots

    Laisse moi te guider.

     


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    Un jour...

     

     

     

     

     

     

     

     

    Un jour j’écrirai un poème

    qui aura pour titre « En route »

    ou « Adieu », peu importe !

    On prendra la voiture

    et on partira au hasard des routes

    le soleil nous regardera

    à travers ses rayons bleus

    et la pluie brillante et douce

    s’effilochera sur les vitres du paysage

    On roulera sans fin

    le bruit du moteur couvrira

    le ronronnement de nos paroles

    Je te dirai que je ne voudrais pas crever

    sans savoir si la vie est inusable

    Nous parlerons longtemps

    pendant que les maisons, les arbres et les collines

    défileront, impassibles, indifférents

    Puis la nuit viendra

    inexorablement

    nous obligeant à chercher

    l’éclat d’un abri

    Nous n’aurons aucune crainte

    car nous serons dans la plus grande innocence

    Et je te dirai que je ne voudrais pas mourir

    sans avoir gommé toutes les frontières

    effrité toutes les limites

    renversé toutes les barrières

    Tu voudras la même chose

    mais je n’en serai pas certain

    Alors je te regarderai

    je te dirai un poème vagabond

    et une larme séchera sur ta joue.

      


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    Il était quelque part

    sur le quai d’une gare

    une foule interminable

    accrochée à ses roulantes valises

    impossible de garder les yeux immobiles

    bourdonnement sourd de mots mal compostés

    où la mélancolie se disperse et se perd.

     

    Des regards s’accrochent, s’accouplent, en se croisant.

    « Sublimez l’instant », affiché sur une publicité pour San Pellegrino.

    Jeune femme avec un sac en papier

    où est écrit « les 100 ans de la culotte »

    échange de sourires fugaces mais vrais.

     

    S’asseoir

    espace réservé aux voyageurs connectés

    du silence derrière les écouteurs

    les yeux cherchent de prochains départs.

     

    En transit

    dans les tuyaux de ce grand intestin.

     

    Trois policiers, gilets pare-balles, armes à la ceinture

    contrôle d’identité

    jeune homme bien tranquille

    n’a pas la bonne couleur de peau

    mais une belle gueule de sans papier, de suspect

    de terroriste, de djihadiste, de complotiste…

    alors lui, jeune homme bien tranquille

    tellement habitué, reste poli, présente ses papiers

    aux policiers qui ne trouvent rien à redire.

     

    Jusqu’à quand va-t-il rester bien tranquille le jeune homme

    dans ce pays qui ne le prend pas pour un de ses enfants ?

     

    Jusqu'à quand allons-nous accepter cela ?

     

     


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