Aujourd’hui, autour de ma maison, j’ai croisé trois chats dont un noir avec du blanc au bout de la queue, un rouge-gorge qui m’a accompagné longtemps, quelques mouches sur un  mur au soleil, une envolée de corbeaux, une rose un peu fanée qui se balançait sur sa tige, de l’ombre et de la lumière accrochées aux branches d’un arbre, un vieil homme à peine plus âgé que moi, une voiture remplie d’enfants, un ballon coincé dans un buisson, deux masques abandonnés sur le trottoir, un nid de guêpes abandonné lui aussi, une cabane au fond d’un jardin, la fumée d’une cigarette, des gens ordinaires avec qui j’ai échangé des phrases ordinaires à propos de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, des nouveaux voisins, des petits enfants qui viendront sans doute à Noël, du dernier livre qu’on a lu, du prochain mariage d’un neveu… que des phrases banales, simples, mais en mettant du silence et même un peu de tendresse entre ces mots bien ordinaires… tout ce qui fait qu’on a envie de s’écouter, de se regarder encore un peu, pour que la parole ne soit plus une arme au service des puissants ou des imbéciles.