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L'horizon
L'horizon ils n'en avaient plus, enfoncés dans la boue, leurs uniformes couleur merde.
De temps en temps, surtout le matin, ils devinaient un éclat de bleu. Mais soudain : obus, grenades, mitrailles...
Et l'horizon à nouveau bouché, leur vie à nouveau boucherie, leur vie tranchée !
Et ça crie, ça s'étripe, ça creuse, ça tombe, ça enterre, ça déterre et ça détale comme ça peut.
L'horizon, c'est pour les planqués.
L'horizon, ils n'y voient que du bleu !
Certains écrivent, les plus instruits. Les autres, les plus nombreux, n'ont pas de mots et, de toute façon, les mots ne suffisent pas. Alors il y a le silence, le silence des regards.
Et cette fatigue impossible à quitter, même après quelques verres de gnole.
A l'horizon, ne reste que ce silence, froid et lourd.
Il pourrait être bleu ce silence.
Et ce serait le silence de mon grand-père.
Musique pour accompagner la lecture ("Clair de lune de Debussy) :
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Commentaires
Merci Gabriel pour l'Horizon,
Je n'ai jamais connu mon gd Père maternel , ni ma mère non plus !
Le Soldat de Verdun n'est jamais revenu...
Pierre