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Ceci est un poème qui trébuche et qui frissonne
Ils ont planté des couteaux dans nos rêves d'amants
ils ont coulé du béton sur nos prairies parfumées
ils ont construit des prisons pour nos enfants
ils ont fait taire les vagues qui gonflaient nos marées.
Et personne n'a rien dit.
Un jour, ils viendront nous chercher
et nous n'aurons que nos mots pour pleurer.
Mais la poésie est encore là
frissonnante et sauvage
elle dessine des fenêtres
sur la froideur des murs
elle nous décoiffe et nous bouscule
elle nous offre quelque chose
de plus grand que le silence
et qui n'est pas la mort
elle nous conduit à grands pas
dans le désordre des choses
jusqu'à boire l'invisible.
Il est venu le temps d'écarter nos paupières
pour affronter la noirceur du monde.
Que tous les poètes, les détrousseurs de mots
les déserteurs de rimes et les bouffeurs d'alexandrins
ouvrent enfin les yeux, se mettent debout
se raclent profondément la gorge
crachent un ou deux glaviots
sur les trottoirs endormis
et chantent et dansent
avec la terre et le feu
avec l'eau, le vent et la liberté
avec la lumière de leurs mots
plus vastes et plus puissants
que le plus profond des fleuves.
Pour prolonger la lecture "Motivés" de Zebda :
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