• L'horizon

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'horizon ils n'en avaient plus, enfoncés dans la boue, leurs uniformes couleur merde.

    De temps en temps, surtout le matin, ils devinaient un éclat de bleu. Mais soudain : obus, grenades, mitrailles...

    Et l'horizon à nouveau bouché, leur vie à nouveau boucherie, leur vie tranchée !

    Et ça crie, ça s'étripe, ça creuse, ça tombe, ça enterre, ça déterre et ça détale comme ça peut.

    L'horizon, c'est pour les planqués.

    L'horizon, ils n'y voient que du bleu !

    Certains écrivent, les plus instruits. Les autres, les plus nombreux, n'ont pas de mots et, de toute façon, les mots ne suffisent pas. Alors il y a le silence, le silence des regards.

    Et cette fatigue impossible à quitter, même après quelques verres de gnole.

    A l'horizon, ne reste que ce silence, froid et lourd.

    Il pourrait être bleu ce silence.

    Et ce serait le silence de mon grand-père.

     

    Musique pour accompagner la lecture ("Clair de lune de Debussy) :

     

     

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    Viens

    je t'emmène dans la forêt touffue

    de mes rêves tout fous

    dans le labyrinthe des histoires

    à dormir debout.

     

    Donne moi la main

    n'aie pas peur du grand méchant loup

    que je ne suis pas encore.

    Pose ton petit panier de soucis et de tracas

    viens tirer d'autres chevillettes

    et cueillir cette lumière d'automne

    qui nous enflamme.

     

    Viens.

    Nous traverserons des murs invisibles

    des manteaux d'Arlequin

    des lieux incertains entre cour et jardin.

    Nous filerons à l'allemande ou à l'italienne

    dépasserons les feux de toutes les rampes

    nous irons au bout du fil dans le livre des ciels

    nous dormirons avec les plus jolies servantes

    nous danserons en compagnie du coryphée

    et le brigadier nous offrira deux ou trois coups

    nous éclaterons de rire dans les embouteillages

    nous fêterons les funérailles de tous les hivers

    dans la joie et la bonne humeur

    avec les Pierrots et les Jocrisses

    les Polichinelles et les Turlupins

    avec les femmes de la petite et de la grande couronne

    avec Sylvain, Hanokh, Laurent

    Bertolt, Lioubomir, Frédérico

    et peut être aussi William, Anton, Carole

    Xavier, Peter, Jean Luc, Yasmina

    et beaucoup d'autres

    ils seront tous là, avec nous

    dans le meilleur des mondes

    un monde où tout est possible

    un monde imaginaire plus grand que le monde.

     

    Viens.

    Viens t'asseoir sur mon strapontin

    on aura vingt ans pendant longtemps.

     

    Musique pour accompagner la lecture :

     

     

    (Texte écrit à l'occasion des 20 ans de la troupe du Strapontin (Les Herbiers))


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