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Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre
le parfum du vent
ou de la violette
... peu importe !
La violette, je la découvrirai
un après midi de soleil
à demi cachée dans l’herbe d’un talus
je m’allongerai pour la respirer
comme un rêve sous la couette
à cueillir au creux des plumes.
Je m'assiérai sous un chêne centenaire
à l’ombre de la sagesse.
Des milliers d’insectes
poursuivront leur vie mystérieuse
attendant de me grignoter
de toutes leurs mandibules.
Le ciel sera infiniment bleu
sans un nuage où se reposer
mon regard s’y perdra
dans le néant essentiel.
Les doigts raides de la pendule
continueront de tourner
autour d’une vie volage
et débordante
l’incertitude sera belle.
Je pénétrerai
dans le plus éphémère des passages
me faufilerai dans la moindre petite musse
je poursuivrai cette lueur éclatée
dans le sombre de la nuit
le temps rebondira sur mes rides
s’amusera de mes absences
je serai dans le vent des nuages
à voyager sans escale
avec ma violette..
Un jour j’écrirai un poème
qui sentira la violette.
Version audio :
Extrait de "Impromptu in B flat" de Schubert, Ingrid Haebler au piano
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Un matin j'écrirai un poème qui aura pour titre
suspension
ou en marge
... peu importe !
Nous nous réveillerons dans un matin entrebâillé
où le ciel disparaitra dans le soleil.
Une aube printanière
attendra ses oiseaux.
De vieux poètes à chapeau
sillonneront les rues
en clamant quelques vers.
Des vapeurs fumantes
jailliront du fumier
car l'hiver aura gardé
encore un peu de ses frimas.
L'horizon fera des vagues
une prairie serpentera dans le vent.
À la radio Jean Pierre Siméon causera de poésie
en enlevant et remettant sans arrêt ses lunettes.
Il dira exactement :
"La poésie c’est comme les lunettes. C’est pour mieux voir. Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont fatigués, usés. Croyez-moi, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans s’en rendre compte, ils deviennent aveugles"
Nous aurons envie de faire jaillir un poème
comme une bouture de géranium
sur un terrain vague.
Les mots auront de nouvelles histoires
à chuchoter
et nos yeux inventeront une plage immense
pour faire galoper nos rêves les plus fous.
Un matin j'écrirai un poème
et mes pensées s'envoleront
dans le sillage de mes fenêtres.
Version audio :
Extrait "D'un pas si facile" - Invités sur terre - René Aubry.
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Un jour j’écrirai un poème qui aura pour titre
rien ne change
ou presque rien
... peu importe !
Sans colère ni éclat
nous verrons bruler les jours
pâturant nos prés carrés
au carrefour de nos rues.
Nous roulerons à l'ordinaire
sur des chemins sans démesure
ne guettant aucun mirage
dessous nos paillassons.
Sur nos lèvres closes
un silence fracassant
nous donnera le vertige.
Nous regarderons danser
les balançoires au bout de nos doigts
Dans le vent
les arbres perdront la tête.
Derrière nos rideaux
accablés de froidure
nous attendrons
quelque chose d'impossible.
Puis, brusquement nous découvrirons
sur le talus tout au fond du jardin
la vérité scintillante
d'une primevère.
A cet instant nous aimerons les mots
pour leur secret qui frappe à notre porte
pour les passerelles jetées sur nos entraves.
Un jour j'écrirai un poème
et la lumière et l'ombre
habiteront la même maison.
Version audio :
Extrait de "Liebestraum Nr 3" - Franz Liszt - Misha Dichter au piano
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